Paroles & Textes
L’égaré : Charles Berling
La chef de bord : Simone Hérault
1) Intro
2) Le sens de la marche
3) Place libre ?
4) Toi terrasse
5) Pleine voix. Va savoir (et reviens vite)
6) Fish eye
7) Poste de pilotage
8) Côte à côte
9) Fond de train
10) Super sonique
J’ai choisi les petites lignes
Je voulais décrocher
Je m’entends plus
Avec les voix rapides
Trop longtemps immergé
Faut r’faire surface
S’échapper par palier
Décompresser peinard
Tirer des bordées
J’en pouvais plus
Louvoyer vous ?
Pressé de faire des détours
Remonter au vent
Dans le sens d’après
Au rythme de la marche
Zigzagueur égaré volontaire
J’ai choisi les petites lignes
Je voulais décrocher
Je m’entends plus
Avec les voix rapides
Je choisis les petites lignes
Je voulais décrocher
Je m’entends plus
Avec les voix rapides…
« Madame, Monsieur,
Autres, divers genres,
C’est moi la cheftaine
Seule maître à bord
Qu’on se le dise
Vous avez pris place à bord
De l’Autorail Picasso,
Motrice picturale
Je répète, autorail Picasso
Diesel panoramique
Motrice picturale
Desservira peut être les gares de Sens, Hyères, Marseille, Murcia, Barcelone, Paris, Madrid, Malaga, Avignon, Dinard, Vallauris. Il ira de Massilia à Burdigala, ou de Hyéres, à Toulon, peut-être même à Guernica, ou à Galactica, selon l’humeur du chef
Mais avant de filer droit devant
Pensez à ne rien oublier derrière
La vie est à l’avant
Dans le sens de demain
Allez dans le bon sens
Mais attention à la marche
La vie est à l’avant
Dans le sens de demain
En avant toute
Et tous » > Simone Hérault
Gare de Sens ?
Ça rime à rien
C’est absurde d’aller là-bas
Trouver une place
Mais attention à la marche
S’asseoir dans le bon sens
La proue vers la marée montante
Pour moins de résistance
Eviter la nausée
C’est assez comme ça
Chasser la céphalée
La proue toujours
Fallait sortir de cette boite noire
Sauter comme un beau diable
Quitter la gare sombre
Echapper au triage
Suffit les douces invites
Et les belles promesses
Tout laisser en plan
Sans rien échafauder
S’échapper belle
Poches crevées
Sans la valise
Pas même de mallette
Léger
Pas d’impair
Tant pis pour les embruns
Toujours possibles sous ces latitudes
Fallait sortir de la boite noire
Sauter comme un beau diable
Quitter la gare sombre
La laisser là bas
S’époumoner dans ses micros
A gorge déployée
« Madame, Monsieur,
Autres, divers genres
Je répète
Avant de filer droit devant
Pensez à ne rien oublier derrière
Allez dans le bon sens
Attention à la marche
En avant toute
Et tous »
>Simone Hérault
Comme elle dit la belle dame
Je l’ai assez entendu, attendu
A moi les grands espaces
Trouver une bonne place
Mais attention à la marche
S’asseoir dans le bon sens
La proue vers la marée montante
Pour moins de résistance
Eviter la nausée
Chasser la céphalée
La proue toujours
Pas encore finir à l’envers
Dans un décor médiocre
Toujours mal tourné
Gare au passé
Sans se retourner
Plus d’erreur
Gare
Pas d’impair
Tant pis pour les embruns
Toujours possibles sous ces latitudes
Désormais, toujours regarder en face
Droit devant, la vie devant soi
Plus la vie d’avant
La vie à l’arrière
Entouré des planqués
Dans le sens du vent
Vestes bien retournées
Doublures apparentes
Suffit les douces invites susurrées
Sans lendemain qui chantent
Une place libre
Comme l’air
Du temps qui nous reste
A voyager
Libre
Pas détenue,
Pas engagée
Sans liaison apparente
Non assujettie
Et la proue vers la marée montante
Pour moins de résistance
C’est assez
Eviter la nausée
Chasser la céphalée
C’est ma chance
Tout laisser en plan
Sans rien échafauder
Tourner le dos aux embrouilles
Aux nuages sombres
Echapper à la belle
Sans se faire des histoires
La quitter
Sans se retourner
Dans le sens de demain
Plus d’impair
Tant pis pour les embruns
Gare
Rester sourd
A ses annonces
Ne même pas la voir s’éloigner
Agitant peut être le bras
Dos tourné
Col relevé
Faucon maltais
Casablanca ou Key largo
Mais pas d’impair
Echapper à la belle
Sans se faire des histoires
La quitter sans se retourner
Tant pis pour les embruns
Vaut mieux regarder la vie vers l’avant
Marche
Ou crève
En avant toute
Et tous
Comme disait la dame
Mais attention à la marche
C’était mieux, là bas ?
Tout cela n’était que contre sens
contre cœur
Contre emploi
Mal arrimé
Vents debout et marées basses
A ramer dans la vase
Larguer cette vie d’égaré volontaire
Qui se sentait pousser des ailes
Vite pliées
Promptement rabattues
Caquet bien ravalé
Cette place est libre Madame ?
Dans le sens de la marche
Appétence obligée de l’étrave
C’est pour le mal de tête
Alors la proue toujours
Vous comprenez ?
Pour la nausée
Vaut mieux regarder vers l’avant
En avant toute
Et tous
En avant marche
Ou crève
A peine partis
Gare encore à portée de dos
Douleur juste éclipsée
De gros nuages nous rattrapent
Bien gonflés, pas gênés
Dans le sens de la marche
La proue vers la marée montante
Ça donne la nausée
Zut
Revenir vers les poutrelles d’acier ?
Vers la cage dorée ?
Veste bien retournée
Doublure apparente
Pour moins de résistance
Risquer la gare à venir
Ou celle de derrière ?
Foncer vers la poupe ou regagner la proue ?
Reculer
Pour mieux sauter
Faucon maltais
Casablanca ou Key largo ?
Trop tard
C’est pas du cinéma
Pas d’impair
Tant pis pour les embruns
Toujours possibles sous ces solitude
Alors s’asseoir, vite, tant qu’il est temps
Ne plus opposer de résistance
A l’air
Du temps
Se laisser porter par le souffle
Voir le paysage foncer vers soi
Se le prendre en pleine face
En avant, marche
Ou crève
En avant toute
Et tous
Comme disait la dame
Dans le sens de la marche
Appétence obligée de l’étrave
C’est pour le mal de tête
la proue toujours
Vous comprenez, Madame ?
Dites moi, madame, cette place est bien libre ?
Ce sera parfait pour un évadé
Première
Voiture de tête,
Sens de la marche
J’ai tout coché
Je cherche à décrocher
Si possible en bonne compagnie
En honnête société
Faire connaissance
Croiser le fer
Chemin faisant
Vous savez
On était nombreux au bord du quai
Moi j’ai enjambé les tourniquets
J’ai fait le dur sur les tarmacs
Sauté comme un beau diable
Brulé mes vaisseaux
Pas d’veine
Trop d’injonction
Alors faut qu’je décroche
Que j’échappe à la belle
Sans jamais l’avoir vue
Là-bas
On vous vend que du rêve,
C’est promesse de départs et trajets mirifiques
Tout le toutim
Et de vagues roulettes qui recouvrent le quai
Ah, des types jouent aussi
Une sorte de symphonie pour valises à roulettes
Vite oubliés dans la pénombre du quai
Déserté
Mais eux ne partaient pas, ils sont déjà ailleurs
Mais vous pensez
Que ce truc redémarre
Je cherche à décrocher
A faire bouger les lignes
J’ai choisi Picasso
Je crois qu’on me recherche
Faudrait appareiller
Vite fait bien fait
Ce serait parfait pour un évadé
C’est quand qu’on met les bouts ?
Le palace est vacant, alors on s’en va quand ?
En bout de rame
Le clapotis des vagues
Le babil des indécis
Voiture café, bar à tous les étages
Et toilette et ablutions
C’est écrit en lettres lumineuses
Avec de petites silhouettes
Lumineuses elles aussi, vert, rouge
Libre, occupé, libre, occupé,
Pas le temps, trop occupé
Comme les places
En bout de rame
Le clapotis des vagues
L’ondulation des indécis
Voiture bar ? Par ci, par là ?
Pas gai de chercher
Faut trouver
En bout de rame
Aviron sur la droite
Ascenseur occupé
Lampe rouge allumée
Pas gai si t’es pressé
Tu finiras par arriver
En bout de rame
Le clapotis des vagues
Gazouillis des inconstants
La fuite des incontinents
L’ondulation des hésitants
Ça y est
C’est vert, à moi
« Ah, c’est vous !
Quel étage monsieur ?
Tout en haut ?
Excellent choix, le toit terrasse, bien ventilé, ça décoiffe,
Toutefois, attention aux bandits
Ils font parfois diligence
Et surtout aux tunnels,
Vaut mieux boire allongé
Ça décapite proprement
Sans parler des caténaires
Eux aussi ils décoiffent
Plus d’un s’y est retrouvé
Trépané pas sitôt débarqué
Des distraits, des égarés
Rien à faire là haut
Nous y voilà, je vous accompagne
J’ai fini mon service >Simone Hérault
Courant l’air de rien
On fait des grands écarts
On saute les wagons
On tire au pistolet
Chassés par les méchants
Accrochés dans le vide
Suspendus
L’air de rien
Mais c’est la nuit américaine
On voit comme en plein jour
Artifice du feu roulant
A pleine vitesse
On fait des grands écarts
On saute les wagons
A fonds vers la loco
La lumière s’échappe du tube
On voit comme en plein jour
Nuit américaine
Artifice du feu roulant
A pleine vitesse
J’aperçois les autres
En bout de rame
Le clapotis des indécis
La gesticulation des rampants
Attendant dans le tube
Tout l’été à coup sur
Que la lumière passe au vert
L’air de rien
On s’agrippe aux filets de la voie
On décolle
Chassés par les méchants
On fait de grands écarts
On saute les wagons
Le salut vers l’avant
Vers la tête
En plein vent
Saute ou crève
En avant toute
Et tous
Peu ou proue vers devant
Courant à pleine vitesse
D’air en air
Mais c’est la nuit américaine
On voit comme en plein jour
Artifice du feu roulant
Direct vers la loco
En plein vent
En avant toute
Et tous
Décrochons le wagon
Ils vont rester en plan
Et nous on va filer
Bon train
Picasso allégé…
Arrêtés
En pleine voix
En plein chant
Silence
La coupe est pleine
A côté ils démarrent
On dirait
C’est toujours les autres qui décollent
Regardez
Ils bougent, eux,
Les impériaux
Les véloces
Les gros lourds
Nous, arrêtés
Pleine voix
Plein chant
Silence
La coupe est pleine
Motrice picturale
On fait tapisserie
Autorail Picasso
On peut toujours attendre
L’herbe est plus verte ailleurs
Ou bleu ou rose
Va savoir
Comme les vagues
Plus porteuses où l’on n’est pas
C’est toujours les autres qui décollent
Azurement
Qui bouge ?
Va savoir
Et si on reculait ?
Dos à la marche
On va à la poupe ?
Car moi, appétence obligée de l’étrave
C’est pour le mal de tête
La proue toujours
Vous comprenez, Madame ?
Je veux en avoir le cœur net
Sans allusion ni sous entendu
Beau mirage des oubliés
Chimère du triage
Ici c’est le palais des illusions
L’optique est bafouée
Que fait la loi ?
Va savoir
Comme ça j’en aurai le cœur net
Etincelant
La vision réaliste
Mais
C’est interdit de traverser les voies
De s’en prendre une autre
De sauter par dessus les rails
Crever l’écran
Aller de l’autre côté du rideau
Brouter ailleurs
L’herbe plus verte
Ou bleu
Surfer plus loin
Sur les belles vagues
En plein flou
Azuréen
Qui bouge ?
Va savoir
Et si on reculait ?
Dos à la marche,
On va à la poupe ?
Car moi, appétence obligée de l’étrave
C’est pour le mal de tête
La proue toujours
Vous comprenez, Madame ?
Va savoir
Mais comment être sûr ?
Avoir le cœur bien net
Etincelant
Couper cette indolence
Comment savoir
Si on peut pas y aller ?
Et surtout revenir
Aller c’est simple
Retour
Toujours plus compliqué
Pas facile de revenir d’entre les mots
Quand t’as crevé l’écran
Quand t’as passé la larme à gauche
Revenir pour dire comment c’est
Là- bas au delà des quais
Où les vagues roulent bien haut
Les mécaniques
Ah là c’est sûr
Ils avancent
Ils bougent, eux,
Les impériaux
Les véloces
Les gros lourds
Nous, motrice picturale
Autorail Picasso
On peut toujours attendre
On fait tapisserie
Ils rigolent, ils nous font de grands gestes
Ils nous narguent on dirait
C’est nous les premières, faites place
A nous la voie royale
On est les impériaux
Ils devraient se méfier
Pas toujours facile
De partir par la tête
Comme les poissons
On dirait
Va savoir
Pas possible, faudrait changer de voie
Le tout pour le tout
J’en aurai le cœur net
Etincelant
Couper cette indolence
Passer de l’autre côté du rideau
Crever l’écran
Sauter les rails
Enjamber les voies
Incident voyageur
Fatal error
Pas facile de revenir d’entre les mots
Quand t’as crevé l’écran
Quand t’as passé la larme à gauche
Revenir pour dire comment c’est
Las bas au delà des quais
Où les vagues roulent bien haut
Les mécaniques
« Va savoir.
Mais reviens vite. Gare
Va savoir… mais reviens vite. Gare » > Simone Hérault
On est dans le long tube
La coursive exigüe
Finies cabines et salons
On respire mal
Tous entubés
Sans aire de repos
Sans chambre de décompression
Sans chambre à air
Tubeless
La voiture est opaque
Sans débouché frontal
Sans vision vers l’avant
Droit devant
Ni pont ni viaducs
Pas même en image
Comme avant
Toute
Ni rail, ni voies
Goutte
Et ciel bouché au dessus
Valoches et cranes qui dépassent
Ça donne un peu la nausée
Le sens de la marche
On a que la vue que sur les bords
Les bas-côté et la vie en lisière
Ce qui déborde du champ
Ornement latéral et lassant
Des vaches qui défilent
Des collines qui tracent
Des maisons étirées
Le golfe au loin
Alors autant revêtir de beaux yeux
De poisson
Bien mis sur les côtés
Latéraux écarquillés
Globuleux à souhait
Pour voir les bas-côté
Et la vie en lisières
Regards fuyant sur le périphérique
on voit qu’les bons côtés
Alors autant porter de beaux yeux de poisson
Bien mis sur les côtés
Bien dégagés sur les oreilles
Vision centrale inexistante
Pas besoin
On conduit pas la voiture
On s’laisse porter comme des gosses
On arrivera bien assez tôt
Pour l’heure du gouter
Pour remettre les oeilllères
Voir les choses bien en face
Se les prendre en pleine gueule
Tu m’a s vu ?
Tiens, prends toi celle-là
Alors qu’ici
En réalité
En toute latéralité
Regards fuyant sur le périphérique
on voit qu’les bons côtés
Fish eye, fish eye , …, … , …
On est tous entubés
On respire mal
Bouches bée
Sans chambre de décompression
Sans chambre à air
Tubeless
Mais en toute latéralité
Regards fuyant sur le périphérique
On voit qu’les bons côtés
J’entre en cabine
Essayage pilotage
J’entre en cabine
Curiosité
Essayer piloter
Faut bien oser
Cellule de dégrisement
Avec moi pas d’histoire
Ça file droit sous les tunnels
Ça obtempère sur les ponts
Avec moi pas d’histoire
Qui c’est le chef ici ?
C’est qui à la manœuvre ?
Je prends les commandes
Deux cafés, pour la route
Casquette sur le côté
Pare brise fumé
Clope au bec
Foulard autour du cou
Tu fais ton joli cœur
Amour vache
Et bête humaine
Ca va mes jolies ?
Arrête de rouler
T’es aux premières loges
Assis dans le bon sens
Tu voyages en première
Tu fais ton joli cœur
On te paye pour ça ?
T’as le pied au plancher
Les vaches te reluquent
T’en as sous le capot
Le roi de la loco
Attention dans les courbes
Ménage tes effets
Pas d’effort inutile
J’entre en cabine
Essayage pilotage
J’entre en cabine
Curiosité
Essayer piloter
Faut bien oser
Seul maitre à bord
Tu dis
Et puis
Interdit de parler au conducteur
Qui c’est qui le chef ici ?
C’est qui à la manœuvre ?
Je prends les commandes
Deux cafés, pour la route
Je vais t’asticoter l’aiguilleur
Enfin je vois la ligne
C’est beau comme au ciné
Acier poli
Traverses bien élevées
Caténaires et laminés
Dis moi
Tu t’ennuies pas
Tu roules plus au thermique
Alors pose ta clope
Ici la motrice
Je répète
Ici autorail Picasso
J’ai pris le contrôle de la rame
Nous serons sans arrêt
Jusqu’à nouvel ordre
Suspension des stations
Plus de temps à perdre
Avec moi pas d’histoire
Ça file droit sous les tunnels
Ça obtempère sur les ponts
Avec moi pas d’histoire
Droit devant
A 12h
Je répète
A 12h
Plus de circonvolutions
Droit devant
Bourre la chaudière
Je vais pousser les feux
Cessons de louvoyer
De voir que les côtés
Veaux vaches cochons
J’avais perdu la voie
Strabisme embarrassant
Enfin ôter des tempes
Ces gros yeux de merlan
Friture sur la ligne
Chemin de fer du golfe
Clairement on s’entend pas
Pour passer les commandes
Je reprends les manettes
Pousse toi du milieu
C’est moi qui tiens le manche
Droit devant
Bien retroussées je m’affaire
Bourre la chaudière
Je vais pousser les feux
T’as vérifié le poids
On est pas trop nombreux ?
Je la trouve un peu lente
Surtout dans les montées
Bourre la chaudière
Je vais pousser les feux
Seul maitre à bord
Après Dieu
Tu dis
Et puis
Interdit de parler au conducteur
Qui c’est qui le chef ici ?
C’est qui à la manœuvre ?
Je prends les commandes
Deux cafés, pour la route
Je reprends les manettes
Pousse toi du milieu
A moi clavier
câbles et boutons
Laisse moi le levier
Je passe les vitesses
Commandes fermes
Mets de l’huile
Manettes grippées
Fallait vacciner
Tu veilles à ta machine ?
Tu fais ton joli cœur
On te paye pour ça ?
Tu roules plus au thermique
Alors pose ta clope
Hydrolique pneumatique
electrique magnétique
Ça répond plus
Tu veilles à ta machine ?
Mayday mayday
Allo allo
Chemin de fer du golfe
Friture sur la ligne
Ici autorail Picasso
A vous
Chemin de fer du golfe
Je répète
A vous
Chemin de fer du golfe
Friture sur la ligne
Clairement on m’entend plus
Pour passer les commandes
Deux cafés, pour la route, les derniers
Pourtant
Avec moi pas d’histoire
Ça file droit sous les tunnels
Ça obtempère sur les ponts
Avec moi plus d’histoire
Fenêtre préférée
Vue mer
On se battrait presque
Pour se prendre la vue
Places non assignées
Premier arrivé
Choisit
Autorail Picasso
S’adosser rapidement
Au sofa sombre
Au divan à dossier
Comme chez le soigneur
Des cerveaux égarés
L’extracteur d’idées noires
A vouloir toujours les fenêtres
On en oublie la cour
Pourtant plus accessible
Accotoir nous sépare
C’est important de pas manquer
De mer savez vous
Comme dit le soigneur
Des cerveaux égarés
C’est sans supplément pour voir
La mer la baie
Chemin de fer du Golfe
Aller de côte à côte
D’Est en Ouest
Easy rider
Et au retour
Rider easy
Rail-trip
De mer à mer
Avec vue imprenable
De côte à côte
Massilia – Burdigala
Hyéres – Galactica
Seul à seul
De profil à profil
Mettons ça à profit
Comme chez le soigneur
De cerveaux égarés
L’extracteur d’idées noires
Pour faire connaissance
Qui sait ?
Juste séparés par l’accotoir
Levé ou rabattu ?
Comme vous voulez
Coudes à coudes
Côte à côte
Seul à seul
On se raconte des histoires
Eventées de toutes pièces
Mal ventilées
Jamais vécues
On s’invente
Dans les affaires
Grand voyageur
Seul bien sur
Un peu artiste
Poète sur les bords
Pas mal loti
Encore bien de sa personne
Sans trop se regarder
Profil contre profil
Comme chez le soigneur
De cerveaux égarés
Yeux rivés sur
Dossier
Devant
Dossiers
Important
Tablette
Relevée
Fermée
On longe la mer
Au loin les golfes sombres
De la côte à la côte
Rail trip
D’Est en Ouest
Easy rider
Et au retour
Rider easy
Les mots s’abandonnent
Redeviennent plausibles
Audibles
On se parle d’avant
Pourquoi cet autorail
Ceux qu’on lâche
Celle qu’on pense à oublier derrière
Sans trop de courage
Comme chez le soigneur
Des cerveaux égarés
Fumoir
Boudoir et wagon lit
Fini depuis longtemps
On en rêve
Face à face
Plutôt que parler de profil
Côte à côte
D’ouest en Est
Faces cachées vers fenêtre ou couloir
Yeux rivés sur la tôle
Penchés sur la tablette
De vous à moi
L’arrêt est pour bientôt
Désolé de vous déranger
Je lève l’accotoir ?
Il vous reste une chambre ?
Avec vue sur la mer
C’est sans supplément
Hors saison
Hors champ
Juste en face
A face
Côtes toutes proches
Lit doubles
Accolés
Sans accotoir
Ventilation naturelle
Air marin du matin
Sans supplément
Arrière saison
Premiers embruns
Fini de hâler le chaland
Mini golf délaissé
Mettons ça à profit
Comme chez le soigneur
De cerveaux égarés
L’extracteur d’idées noires
Pour faire connaissance
Face à la cote
Avant qu’on commence à plier
A reprendre la route
Descendre l’accotoir
Retour
Rider easy
On roule depuis des lustres,
Pourtant l’obscurité persiste`
Les vaches deviennent vagues
Ecumant les abords de la voie
Déformées par l’allure de croisière
Que dessine désormais Picasso
Fondant les couleurs et les formes
Bovines indistinctes
Alignées devant nous.
A la longue, leur vision m’ennuie
Tout comme le passage
Quotidien de Picasso
En lasse campagne
Doit en raser plus d’une
On roule depuis des lustres
Pourtant l’obscurité persiste
Les contours restent sombres
Au loin j’aperçois des villes de carton
Empilées, empalées
On va dans le décor ma parole
Les autres n’ont pas l’air de saisir
Les cranes alentour dodelinent
Comme si rien n’était
Perdu d’avance
Personne ne quitte ce wagon
Ni ne monte d’ailleurs
La motrice est forclose
Bouclée à double tours
Il paraît que nous devons refaire un retard
Que personne n’a pris
Rendre ce temps volé
A qui ?
Moi, à part avoir sautées quelques voies
Et fait un peu le dur sur les tarmacs
J’vois pas c’que je fais là
Enfermé avec les autres
Crânes même pas fiers
Annonces inutiles
Nous traversons des gares bondées
A fond de train
Voyant les égarés agiter les bras
Comme pour stopper Picasso
Je me demande
Sur la lancée
Si j’ai pris le bon sens
Celui pourtant tout indiqué
Pour ceux désirant se refaire
Une santé
Partie remise
On roule depuis des lustres
Pourtant l’obscurité persiste
On brule les arrêts
Le froid gagne la rame
Parti trop léger
Malgré les apparences
Ah, une annonce :
« Madame , monsieur, autres,
Divers genre
Soyez patient, ça va chauffer pour de bon
On va vous en mettre plein la vue
Vous en aurez pour votre argent
Ça mérite le détour
Un Picasso à fond de train
Mais retour parfois incertain »
> Simone Hérault
Au fond, heureux les égarés aux poches crevées
Conviés à un rail-trip
Qui, paraît t’il,
Mérite le détour
Je me tourne vers la vitre
Dehors, les vaches dansent mollement
En agitant la queue
Et au loin des trainées lumineuses
Dégringolent sur les villes de carton
De station en station
Hagard d’un hangar à l’autre
Torpeur
Pour encore sauter les barrières
Faire le dur sur les tarmacs
La vie d’avant, à l’arrière
Alors assoupi sur la moleskine
Eclairage d’ambiance
Veilleuses attentionnées
Col relevé
Calé sur la banquette
Dans le sens de la poussée
Obscurité alentour
Comprimés dans le tube
On l’a mis en sourdine
«Ici autorail Picasso
Suite à un changement imprévu
D’aiguillage
Nous serons sans arrêt
Jusqu’à Galactica
Suspension des stations
Inutile de s’arrêter à Guernica
Assez de temps perdu
Le passé est le passé
Plus de circonvolutions
La vie est à l’avant
Dans le sens de demain
Attention à la marche
En avant toute
Et tous
En avant marche
Ou crève » > Simone Hérault
Voilà qui est parlé
La motrice s’ébroue
On entre en vibration
Fermement ceinturés
Passage à la vitesse supérieure
Finie la rigolade
« Ici Picasso, demandons autorisation de décoller » Simone Hérault
Tortillard sur la rampe
Escalier vers les cieux
Ouverts à la grande course
Lancement réussi
Chenille et papillon
Amarres larguées
Fusée auxiliaire
Pompiers volontaires
Scotchés à la moleskine
Picasso en poussée
Impulsion décisive
On va de l’avant
Vertical, sans vertige
Oubliant les vestiges
De cette vie duraille
« Madame, Monsieur,
Nous allons passer en mode supersonique
Veuillez regagner vos sièges,
Les passagers déambulant sur le toit terrasse sont priés de redescendre dans les voiture » > Simone Hérault
Premier essai
Mur du son franchi haut la main
Bravo Picasso
Tu tiens la côte
Rendement propulsif optimal
Je répète
Mach 1
Bi sonique
Tri sonique
Et puis s’en vont
L’Onde de choc est profonde
Durable, exceptionnelle
Picasso forcement
« Vous pourrez bientôt par les hublots latéraux apercevoir quelques planètes > Simone Hérault
Frottons un peu la vitre
Quelques astres errants
Dans des décors célestes
Buée sur les faces cachées
On plane dans le silence astral
Plus dure sera la chute
libre
De station en station
Hagard d’un hangar à l’autre
Torpeur
Pour encore sauter les barrières
Faire le dur sur les tarmacs
Attirance terrestre abandonnée
Gravité disparue
Plus rien de solennel
Nous voilà hors la loi
Bien disposés à s’en passer
On commence à flotter
Mer de la tranquillité à portée
Demain est un autre jour
Qu’importe le sens de la marche
Flèche du temps tirée à rebrousse poil
Plus de direction qui vaille
Assistance inutile
On se décale, on se déporte
Loin de nos centres de gravité
De nos lieux de pesanteur
Sans loi
Cette fois
Tête bêche
Gravité oubliée
On commence à flotter
Mer de la tranquillité à portée
Demain est un autre jour
Gravitation quantique
Aventures cosmiques
La motrice s’amuse
« Attention, nous traversons une zone de turbulence, veuillez de pas quitter vos places, ça risque bouger ! Let’s dance » > Simone Hérault
Ça bombarde la tôle
Intestin grêle criblé
Essaim de météorites
Guêpes en espadrilles
Détritus de l’espace
Graviers haute pression
Ca secoue les ourlets
La banquète vacille
Ça cogne dur le tube
Mais l’autorail tient bon
Picasso est costaud
La motrice serre les dents
Au passage à niveau
De la mer agitée
Tranquillité amère
Au loin on aperçoit la station
Dernier pallier
Décompression finale
Galactica ?
Elle n’a rien de spécial
Une autre boite noire
Sûrement d’autres voix
Ventant d’autres ailleurs
Meilleurs
Directions Monts
Et Merveilles
Objets célestes alentour
Etoiles et galaxies
Planètes et confettis
Garantis
Encore des quais
Toujours la vie duraille
Des tarmacs en veux tu
En voilà
Valises à roulettes grinçantes
Musique perdue en bout de gare
Voyageurs sautillant
Sur les dance floor de l’espace
Pressés et comprimés
Mal au crane rien que d’y penser
Alors
Autant ne plus descendre
S’assoupir sur la moleskine
La mettre en sourdine
Eclairage d’ambiance
Col relevé
Calé sur la banquette
Obscurité alentour
Assoupi
Picasso en veilleuse
Pesanteur me rattrape
Inévitable
La loi reste la loi
Relative et restreinte
T’as beau mettre les bouts
Tenter de t’évader
Au fin fonds de l’espace
T’exiler dans l’Oural
La loi reste la loi
Relative et restreinte
Comme ma liberté
Conditionnelle
Pourtant, de station en station
Hagard d’un hangar à l’autre
Torpeur
Pour encore sauter les barrières
Faire le dur sur les tarmacs
La pesanteur reprend ses droits
Poursuit son œuvre
Picasso impuissant
Elle n’épargne personne
Epuisement physique
Grincement
Saute d’humeur
Mécanique caustique
Chant contre chant
Quantique des Cantiques
De station en station
Hagard d’un hangar à l’autre
Torpeur
Pour encore sauter les barrières
Faire le dur sur les tarmacs
Autant s’assoupir sur la moleskine
Côte à côte
Et la mettre en sourdine
Col relevé
Calé sur la banquette
Bercé par la poussée
Obscurité alentour
Picasso en veilleuse
Avant de s’endormir
Frotter un peu la vitre
Buée sur les faces cachées
Tête posée sur ton épaule
Accotoir relevé, enfin
Puis planer encore un moment
Légers dans le silence astral
Sans imper
Tant pis pour les embruns
Toujours possibles sous ces altitude
«Ici autorail Picasso
Arrêts brulés
Horaires éclipsés
Temps enfin suspendu
Perdu ou retrouvé
Pas trop tôt
Circonvolutions inattendues
Bienvenus contretemps
Alors qu’importe le sens de la marche
Flèche du temps tirée à rebrousse poil
Retour hypothétique
Plus de direction qui vaille
Cela n’a guerre de sens
Seul compte le voyage
C’est moi qui vous le dit
Alors on se décale, on se déporte
Loin de nos centres de gravité
De nos lieux de pesanteur
En tous sens
Ça marche comme sur des roulettes
Etoiles et galaxies
Planètes et confettis
La vie plane alentour
Elle souffle en tous sens
Vous pouvez l’entrevoir
Il n’y a qu’à se pencher
Doucement, par les hublots
Ou relever l’accotoir
Et vous laisser bercer » > Simone Hérault
Le sens de la marche. Les paroles ! © Hervé Passamar 2024
Simone Hérault et Jean-Baptiste Warluzel : voix
Hervé Passamar : textes
Calvi
Couler les sirènes
Dancefloor
Egaré
Full
Madame, Monsieur,
Mare tranquillitatis
Micheline (elle part encore ?)
Obligatoire !
Pantins à roulettes
Voix elle
Ici gare, ici gare
Mesdames, messieurs, autres, divers genre
Le TGV numéro 6720 à destination de Marseille va partir
Il desservira les gares de Calvi, Epaux bezu, Uzeste, Pont de l’Etoile
Prenez garde à la fermeture automatique des portes
Attention au départ
Attention au départ
Ici gare, ici gare
Mesdames, messieurs, autres, divers genre
Le TGV numéro 6720 à destination de Marseille va partir
Il desservira les gares de Calvi, Epaux bezu, Uzeste, Pont de l’Etoile
Prenez garde à la fermeture automatique des portes
Attention au départ
Attention au départ
On est nombreux au bord du quai
Cornes de brumes et vagues à l’âme
Moi non plus j`voudrais pas couler
Quand les sirènes donnent de la voix
Madame, Monsieur
Belle voix, posée et sûre
Mais restons sur nos gardes
Pas question de me laisser compter fleurette
Rouler dans la farine
Comme un poisson mort sorti des filets
Des filets de voix de l’eau delà
Surtout ne pas rouler sous la vague grise
Finir en queue de poisson
A cause des voix d’eau
Me fracasser sur les écueils
Me faire écailler dans les étals
J’harangue les autres, errants au bout du quai
Moi non plus j`voudrais pas couler
Quand les sirènes donnent de la voix
Moi non plus, j’voudrais pas couler
Quand les sirènes donnent de la voix
Moi non plus, j’voudrais pas couler
Je veux me faire entendre
Certains crient pour te recouvrir
Nous aussi on a voie au chapitre
Nos voix comptent, chaque voix compte paraît t’il
Je m’interroge, commet ne pas la perdre
La placer quelque part, la poser où il faut ?
On est nombreux au bord du quai
Cornes de brumes et vagues à l’âme
Suspendus à tes mots
On est nombreux
Suspendus à tes mots
Pendus aux poutrelles d’acier, accrochés au mat
Oreilles bien cirées
Bouchées pour la reine des sirènes
Afin de ne pas succomber à ses chants
Moi non plus j’voudrais pas couler
Emporté dans tes filets de voix
Moi non plus j’voudrais pas couler
Emporté dans tes filets de voix
Alors je crie pour qu’on m’entende
Qu’on nous sorte de l’au delà
Pour recouvrir le chant de sirènes
Echapper aux chants du cygne
Aux champs magnétiques
Cornes de brume et vagues à l’âme
On est nombreux au bord du quai
A moins que tu me donnes ta voix
Sans risque, moi j’voudrais pas couler
Alors ne pas t’entendre, sauvé
Mais pouvoir t’écouter, bouche bée
Sans voix, motus et bouche cousue
Juste les voix rassurantes du silence
Mais moi j’veux bien qu’on se la coule
Doucement dans l’eau verte du quai
Qu’on s’offre des espaces profonds
J’harangue les autres, errants au bout du quai
Il est de bon thon d’appareiller
Sans risque, moi j’voulais pas couler
Emporté dans tes filets de voix
Ici gare, je répète
Prenez garde à la fermeture des portes
Attention au départ
Alors on accélère
On pousse les feux
Suspendus à ta voix qui égrène les villes
Lacanau
Vertheuil
Bordeaux Saint-Jean
Belin-Beliet
La Rochelle
Douchy les Mines
Epaux-Bézu
Saint Quay Portrieux
Charleville Mézières
Rêvant de ces itinéraires
Que nous seront les premiers à emprunter
D’extravagants chemins
Auxquels nous croyons dur comme fer
On s’éclipse, suspendus à cette mer tranquille
La seule pour laquelle il faille lever la tête
Une mer verticale encerclée de métal
Qu’on prends le temps de regarder
Une dernière fois entre les poutrelles
La mer bleu acier
C’est le final de la symphonie en sol
Pour valises à roulettes
Notre ultime mouvement sur ce quai
Alors nous fonçons, déterminés
Essaim bruyant qui brusquement s’arrête
Avant de s’incliner pour un dernier salut
Au début tout vous paraitra sombre
Immobile
Par les vitres même en frottant de la main
Vous ne verrez presque rien
Puis, passés les tunnels et les ponts
Peu à peu des teintes dorées et lumineuses
Vont vous enrober, répétitives, douces
Et vous pourrez dormir
Le train foncera dans une vapeur bleutée
Il percera la brume qui, à l’arrière
Dessinera de jolies volutes désordonnées
Aspirant dans son sillage les rêveries des voyageurs somnolents
Mais vous avez encore un peu de temps
Inutile de courir, soyez tranquilles
Levez une dernière fois les yeux vers la voute
Regardez le ciel entre les poutrelles d’acier
La voie lactée
Et avant de monter, écoutez le final
De la symphonie en sol pour valises à roulettes
Allegro
Toutes les voies s’offrent à nous
Nous sommes des pantins à roulettes
Des voyageurs sans destin
Sans providence ni fortune
Qu’importe, on s’éclipse
Suspendus à cette mer tranquille
La voie est toute trouvée
Villégiature radicale pour prendre ses quartiers d’hiver
Gravité disparue, atmosphère vaporeuse
Mélancolie poussiéreuse
Sautillements légers, bonds et rebonds
Et quelques entrechats faciles
Sur les dance floor silencieux de l’astre mort
Ça marche comme sur des roulettes
Je vais trouver la martingale
Tordre le hasard, inverser les chances
M’éclipser vite fait
Gagner les faces cachées, les cratères oubliés
Rouler sous les vagues bleu acier de la voute
Plein gaz vers les vastes nébuleuses et les nuées ardentes
Contenance envolée, convenance oubliée
J’ai trouvé la bonne voie
La chance sourit parfois aux égarés
C’est parti
Ici gare, Ici gare, je répète
D’autres trains partiront
Beaucoup de voies s’offrent à vous
Vous êtes à la croisée
Choisissez la bonne
A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K,
Les détours, ça va un moment
Décidez vous maintenant
Il est encore temps
Mais prenez garde tout de même
A la fermeture des portes
Gare, gare
A la clôture automatique
Au repli définitif
Aux faux espoirs
Aux mauvais départs
Et aux voies sans issues
Je m’égare encore
J’erre, je flâne
Contenance obligée, désemparé sur le quai
Passager sans destin
Il faut pourtant trouver sa voie
Gare, je cligne les yeux
Je cligne les yeux pour lire des panneaux
Sans comprendre d’où l’on part
Vers des destinations que nous ne savons choisir
Je saute sur mes pieds, je m’approche des lettres
En vain
Alors j’entends la voix
« Madame, Monsieur, autres, divers genres »
Ah, c’est pour moi, c’est à moi que tu parles
Une adresse qui me va comme un gant
Pour une fois
Mais je suis heureuse, heureux,
Autrement heureuse, diversement heureux
Tu égrènes voies, villes
D’inimaginables circuits
De prodigieux itinéraires
… Uzeste, Sète, Calvi
Le Boulou, Majastres, l’Estaque ville
l’Estaque plage…
Levez les yeux vers la voute, regardez le ciel qui se dessine entre les
poutrelles d’acier. La voie lactée !
La voie lactée ? Pourquoi pas la lune tant qu’on y est
Allez, un petit croissant, pour la route
On promet toujours la lune aux égarés…
Madame, Monsieur, autres, divers genres
Plein gaz vers les vastes nébuleuses
Et les nuées ardentes
Contenances envolées
Convenances oubliées
Nous sommes rassurés
Tu l’affirmes
Tôt ou tard
D’autres trains partiront
Levez les yeux vers la voute
Regardez le ciel qui se dessine
Entre les poutrelles d’acier
La voie lactée
La voie lactée ?
Pourquoi pas la lune tant qu’on y est
Allez, un petit croissant, pour la route
On promet toujours la lune aux égarés
Nous continuons à errer comme des âmes en peine
Tu as raison, les détours ça va un moment
Décidez vous maintenant
Il est encore temps
Mais quand même
La mer de la tranquillité…
Beau point de chute pour des égarés
Eclipse garantie
Bonds et rebonds
Et entrechats faciles
Sur le dance floor de l’astre mort
Tu as raison
Les détours ça va un moment
Décidez vous maintenant
Il est encore temps
Madame, Monsieur, autres, divers genres
C’est parti …
Le TGV 8815 va partir.
Ce TGV desservira
Beaune,
Chalon sur Saône
Mâcon Ville
Lyon Part Dieu
Madame, Monsieur, autres, divers genres,
Gare, gare, Voie L le train 1234
A destination de Marseille va partir.
Il desservira les gares de
Lacanau
Vertheuil,
Bordeaux Saint-Jean
Belin-Béliet,
La Rochelle
Douchy les mines
Epaux Bézu
Saint-Quay- Portrieux
Bourg en Bresse
Charleville Mézières
Mulhouse
Mâcon
Dunkerque
Saint Malo
Uzeste
Sète
Le Boulou
Majastres
Mézel
Digne les Bains
Gardanne
l’Estaque ville
l’Estaque plage
Prenez garde à la fermeture des portes
Attention au départ
Madame, Monsieur, autres, divers genres
Madame, Monsieur, autres, divers genres
Madame, Monsieur…
Autres
Madame, Monsieur,
Autres
On la voit !
Les cris fusent
Au milieu des grondement des roulettes
J’ai de la chance
Voie lactée, lune
Tout y est
C’est bien la L
Et mare tranquillitatis
Bien dessinée entre les poutrelles d’acier
Tu avais raison
Puis la voix reprends
Mais le reste est confus à cause des roulettes
J’ai du mal à comprendre
Brouhaha, brouhaha
Grrr, grrrr
Tac, tac, tac…
Nous sommes rassurés
Tu l’affirmes
Madame, Monsieur autres, divers genres
Voies A, B, C, D, E, f, G, H, I, J, K
Tôt ou tard
D’autres trains partiront
Beaucoup de voies s’offrent à vous
Pour partir, fuir, aller voir ailleurs,
S’évader un moment
Tout recommencer ou
Juste aller au bout de la ligne
Gare, gare
Un train peut en cacher un autre
Et au terminus, tout le monde descend
Mais beaucoup doutent encore
On promet si souvent la lune aux égarés
Elle part encore la micheline ?
Elle part encore la micheline ?
Elle part ?
Encore ?
La micheline ?
Elle part encore la micheline ?
Elle part encore la micheline ?
Elle part ?
Encore ?
La micheline ?
La micheline ?
Elle part
Encore
La micheline
Elle parle encore
La micheline ?
C’est dingue
Pourquoi j’dis ça….
Gare, gare
Nous rappelons aux voyageurs
Que l’étiquetage des bagages est obligatoire
Entendez-vous ?
O-BLI-GA-TOIRE !
O-BLI-GA-TOIRE !
O-BLI-GA-TOIRE !
O-BLI-GA-TOIRE…
Obligatoire
Obligatoire
Obligatoire
Obligatoire
Obligatoire
Obligatoire…
C’est chouette…
Voie L, voie L
Nous sommes des pantins à roulettes
Grrrrr, Grrrrrrr, Vrrrrrr
Ça sonne, aucun doute
On tient le tempo
Grrrrr, Grrrrrrr, Vrrrrrr
Ça groove, on groove grave
Voie L, voie L
Tac tac tac Grrrrrr
Alors on accélère
Le quai nous appartient
Toutes les voies s’offrent à nous
A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K….
En face ils font encore de grands gestes
Naufragés accrochés aux balises
Puis ils disparaissent lentement
Doucement aspirés par le ciment du sol
En une belle vague grise
Sans avoir eu le temps
De jeter un dernier regard vers la mer
Entre les poutrelles d’acier
Attention au départ
Attention,
voie L, voie L, voie L
Attention à ton départ
Ne plus entendre ta voix
Dérouté, de l’autre côté du quai
Attention à ne pas se perdre
A ne pas oublier ta voix
Ta voix, ta voix
Serrée, une dernière fois étreinte
Jusqu’à être étouffée
Sourde, puis éteinte
Sourde puis éteinte
Sourde puis éteinte
Egaré sur l’autre voie, obscure
Impénétrable et sans issue
Impénétrable et sans issue
Sans issue
Sans issue
Sans issue
Attention aux filets de voix, à l’extinction
Voix blanche, sans timbre et froide
Les voies sans filet, les voies d’eau
Attention à ne pas couler en entendant les sirènes
Attention à ne pas couler en entendant les sirènes
Les voix
Les voix de l’au-delà
Plutôt choisir les voix des hautes terres
Le grand souffle
Les voies carrossables et dégagées
Errer par monts et par vaux
Par voies et chemins
Là où les voies sont libres
Parfois cabossées, tourmentées
Et étroites
Mais toujours libres
Je dois encore donner de la voix
Me faire entendre
Surtout ne pas rester sans voix
M’offrir des espaces
Des voies lactées
Douces et sucrées
C’est bon pour ma voix
Je dois encore me faire entendre
Voie L. Les paroles ! © Hervé Passamar 2020